L’accouchement par césarienne a connu une forte augmentation de pratique ces dernières années. Si cette forme d’accouchement est fortement recommandée par l’OMS en cas de grossesse à risques (15% des cas environ), elle est bien perçue comme plus sécurisante par bon nombre d’entre nous. La césarienne présente tout de même des risques et des conséquences tant pour la mère que pour l’enfant. Faut-il alors diminuer le recours à la césarienne ?
L’état des lieux de la césarienne en France
Lors du récent séminaire de l’Association des Utilisateurs de Dossiers Informatisés en Pédiatrie, Obstétrique et Gynécologie (AUDIPOG) le 3 décembre dernier, il a été présenté le résultat d’une enquête (C. Barasinski ,O. Rivière, F. Vendittelli) selon lequel le taux de césarienne aurait augmenté de 29% en 15 ans entre 1994 et 2004.
Selon cette même enquête, l’inquiétude vient du fait que l’augmentation du taux de césariennes est notable lors de grossesses à bas risques alors qu’elles pourraient se faire par voie basse donc sans opération chirurgicale.
Les grossesses à bas risque concernées
Les grossesses dites à bas risque répondent à certains critères : âge de la mère (entre 18 et 35 ans), sans antécédent médical ou pathologie nécessitant une surveillance particulière, porteuse d’un seul enfant en présentation céphalique (pas de présentation par le siège) et pour un accouchement à terme. Or en 15 ans, le nombre de césariennes pratiquées chez ces parturientes à bas risque a augmenté jusqu’à près de 15% selon les périodes et a même doublé chez les mamans multipares (ayant déjà donné naissance à un enfant).
La césarienne n’est pas anodine
A l’occasion de ce séminaire un rappel a été fait par Isabelle Bianchi co-présidente de l’association Césarine quant aux conséquences de l’accouchement par césarienne. En effet, si les risques chirurgicaux et anesthésiques sont présents comme pour toute intervention chirurgicale, il faut aussi considérer des risques pour l’enfant, détresse respiratoire, asthme, allergies… ainsi que des conséquences pour la mère. Conséquences psychologiques quasi immédiates : douleur, dépossession, culpabilisation, sentiment infantilisant d’incompétence…mais aussi conséquences pour une future grossesse : anomalies placentaires et utérines obligeant d’avoir recours à la césarienne.
En 2010, plus de la moitié des femmes ayant déjà subi une césarienne ont dû y avoir recours lors d’un accouchement ultérieur.
Faire diminuer les cas de recours à la césarienne
C’est la volonté des professions de gynécologie-obstétrique en promouvant le retour à certaines techniques et savoir-faire parfois négligés. C’est le cas des accouchements par voie basse pour des naissances gémellaires ou des présentations par le siège. Si le taux national de césarienne est généralement de 75% en cas de présentation par le siège, certaines maternités l’ont réduit entre 60% et 40% sans risques pour la mère ou pour l’enfant (s).
L’information des mamans
C’est le rôle des sages-femmes et des professionnels de santé d’expliquer aux futures mères que la césarienne n’est pas anodine. Qu’il faut faire sortir des esprits qu’une césarienne peut apparaître comme un confort immédiat mais ayant des conséquences à court et long terme aussi bien pour la mère que pour l’enfant. Si les techniques d’accouchement sans douleur progressent, il serait dommage que les savoir-faire d’accouchement par voie basse aussi bien pour des naissances gémellaires que pour des présentations par le siège se perdent alors qu’elles existent et ont d’excellents résultats.
Sources et pour en savoir plus :
AUDIPOG : www.audipog.net
Cesarine : www.cesarine.org