On l’a cru et on le croit encore : durant sa grossesse et quelques temps après la naissance de l’enfant, la femme enceinte serait beaucoup moins attentive. Trous de mémoire, oublis répétitifs, manque de concentration…plein de petites choses comme ça qui amusent un peu mais finissent par agacer voire à inquiéter. Lorsque les scientifiques ont mené une étude, il est apparu qu’en effet, durant la gestation, le cerveau de la femme enceinte diminue en taille ; mais qu’en est-il en termes de performances ?
Gros ventre et petit cerveau
L’étude a une vingtaine d’années (1997) mais les troubles cognitifs sont réels et touchent la plupart des femmes enceintes en fin de grossesse (de 50 à 80 % des futures mamans). Ce qu’a montré cette étude menée sérieusement par un groupe d’anesthésistes et de radiologues, c’est qu’en effet, durant les derniers mois de la grossesse le cerveau de la femme enceinte a perdu de sa taille et qu’il pourra mettre jusqu’à six mois après l’accouchement pour revenir à sa dimension initiale.
La raison à cette diminution de taille semble être une conséquence de plus de ces sacrés changements hormonaux qui nous assaillent… C’est la glande pituitaire située à la base du cerveau qui augmente en proportion tout comme son voisin l’hippocampe mais comme la boîte crânienne n’est pas aussi élastique que le ventre, le cerveau diminue pour leur laisser de la place.
Pourquoi grossit-elle cette glande pituitaire ? Parce qu’elle est productrice d’une large gamme d’hormones dont la femme enceinte et le fœtus qu’elle porte ont besoin. Quant à l’hippocampe, comme il joue un rôle primordial sur la mémoire et que sa taille diminue (jusqu’à 4 %) il laisse la place à des trous…de mémoire.
Ce n’est pas la taille qui compte
Si pour le ventre, oui, la taille compte, pour le cerveau, il n’est pas question de baisse de performances, au contraire.
Ce qui a été observé confirme bien que des modifications du cerveau existent mais que la perte d’attention et de concentration fait de la place pour augmenter des facultés : empathie, sensibilité mais aussi sens aigu des responsabilités, capacités de raisonnement et de jugement… bref l’instinct maternel.
Pour la femme qui allaite, cette reprise par le cerveau de sa taille normale semble être plus lente et prendrait jusqu’à 4 mois alors que pour celle qui ne nourrit pas son bébé au sein, le retour à la taille initiale ne prendrait que 24 heures.
Une explication au baby-blues
C’est peut-être là en effet qu’il faut chercher les causes du fameux ‘baby-blues’ (déprime post-natale, déprime post-partum ou syndrome du 3eme jour) dans la rapidité du retour à sa taille normale du cerveau, de la glande pituitaire et de l’hippocampe. Si le développement de ces parties ont permis d’accroître des facultés, on peut alors raisonnablement penser que leur réduction de volume peut également en affaiblir certaines.
Plutôt que de culpabiliser d’être déprimée, expliquez-vous les raisons de cette déprime et allez donc consulter pour votre bien-être, celui de votre enfant et pour votre entourage. Une dépression post-partum peut conduire à une psychose réelle (1 cas pour 1 000 femmes).
Brigitte C.M