Si un historique pic de naissance est toujours constaté, la saisonnalité des naissances tend à se décaler depuis quelques décennies. Une étude et des statistiques nous apprennent que nos souhaits de conception se décalent selon des facteurs divers et que le réchauffement climatique en est une des raisons.
Le soir du Nouvel An : une valeur sûre
Malgré un décalage constaté, le pic de naissance du 24 septembre est une valeur persistante. Ce pic de naissance correspond en effet à la célèbre conception du Jour de l’An qui est constatée dans plusieurs pays européens. Romantisme ? Célébration ? Pas forcément puisque selon les rapporteurs de l’étude de l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques) la conception du Jour de l’An serait davantage due à un défaut de contraception qu’à une volonté d’enfanter après le réveillon ou lors de la première nuit (festive) de l’année.
Le pic de printemps et le réchauffement climatique
Depuis toujours, le printemps est un pic de naissance reconnu. Les naissances du printemps correspondent aux conceptions d’été, et notamment de fin d’été. Depuis longtemps, c’est le mois de Septembre qui semblait remporter le plus de suffrages pour procéder à la conception d’un enfant d’où un pic de naissance au mois de Mai. Mais on a vu ce pic de naissances de printemps se décaler lentement vers l’été (Juillet) puis dorénavant en automne.
Les raisons reconnues pour l’augmentation du nombre de conceptions en été qui génèrent des naissances au printemps sont principalement dues aux périodes de grandes vacances où l’ambiance et l’oisiveté favorisent les rapprochements. La seule modération à cette augmentation des conceptions estivales viendrait des étés trop chauds. L’étude a démontré que les déficits de naissances de printemps en 1977, 1984 et 2004 étaient dus aux mois d’été étés caniculaires en Juin 76, Juillet 83 et Août 2004…
Le décalage vers l’été du pic du printemps
D’après les mêmes études il s’avère que si le pic de naissance de Septembre perdure, l’autre pic, celui du mois de Mai s’est progressivement décalé vers la fin du mois de Juillet pour quasiment disparaître depuis une trentaine d’années. Bien que rien n’apparaisse flagrant quant à nos périodes favorites de conception, cette modification serait due à une baisse de la fertilité qui expliquerait que si la décision de concevoir un enfant est toujours prise aux mêmes périodes, sa conception est physiologiquement retardée. Cette baisse de la fertilité serait autant due à la baisse de la fécondité des hommes qu’à l’augmentation de l’âge moyen des femmes décidant d’enfanter et notamment au délai de retour de la fertilité après une période de contraception par la pilule.
Planifier la naissance de son enfant ?
C’est de moins en moins possible surtout quand l’arrêt de la contraception ne signifie pas le retour immédiat de la fertilité. Le paradoxe demeure puisque si les trois-quarts des femmes interrogées lors d’une étude souhaiteraient planifier leur accouchement au printemps, (Mars pour 9%, Avril pour 19%, Mai 27%, Juin 20%) le maximum de naissances se situe toujours en Septembre alors que ce choix n’aurait été élu que par 2% d’entre-elles. Pour la grande majorité des couples (85%), l’acte de conception ne se calcule pas pour décider de la date (espérée) de la naissance de leur enfant, ceux-là laissent libre cours à la nature et surtout à la leur….
Source : Y’a-t-il une saison pour faire des enfants Arnaud Régnier-Loilier et Jean-Marc Rohrbasser in Population & Sociétés N°474 – Janvier 2011 – INED
Brigitte C.M