La Cour des Comptes a précisé l’urgence de fermer une quinzaine de maternités de niveau 1 en France. D’abord, qu’est-ce qu’une maternité de niveau 1 ? Et pourquoi la fermer ?
Si la fermeture de maternités n’est pas bien accueillie par la population qui se sent négligée dans la mise à disposition d’établissements de proximité, la manière d’annoncer ces fermetures est peut être mal présentée. Quand c’est la Cour des Comptes qui annonce une telle volonté, on pense immédiatement que c’est pour une raison pécuniaire. Avant d’être un problème d’argent, la fermeture est d’abord un souci de santé.
Les trois niveaux de classement des maternités
Chaque maternité est classée dans un des trois niveaux selon sa capacité en personnel, installations et matériels à prendre en charge une grossesse et un accouchement du plus simple au plus compliqué. C’est le médecin gynécologue obstétricien qui définit le type de grossesse et anticipe celui de l’accouchement afin de déterminer dans quel niveau doit être classée la maternité où accoucher.
Les maternités de niveau 1 sont capables de prendre en charge les grossesses simples et les accouchements ne présentant pas de complications que ce soit par voie basse ou par césarienne.
Les maternités de niveau 2 disposent d’une unité de néonatalogie pour accueillir les naissances prématurées (au-delà de 33 semaines d’aménorrhée) ainsi que des capacités pour prendre en charge les grossesses multiples ainsi que certaines grossesses à risque que le risque soit pour l’accouchée ou pour le nouveau-né. Les maternités ayant leur propre service de pédiatrie néonatale reçoivent le niveau 2A et le niveau 2B lorsque ce service de pédiatrie néonatale dispose d’une branche de soins intensifs leur permettant d’accueillir les naissances de grands prématurés (au-delà de 30 semaines d’aménorrhée).
Les maternités de niveau 3 sont les plus évoluées car souvent implantées dans des grands centres hospitaliers où toute grossesse à risque peut être suivie notamment en cas de maladie chez la femme enceinte. Bien évidemment, elles disposent de toutes les unités de soins intensifs néonataux requis pour les niveaux inférieurs.
On recense que 10% des maternités seulement sont en niveau 3, 40% en niveau 2 et 50% en niveau 1.
Une mortalité infantile inacceptable
C’est justement là que le problème se pose. Quand c’est la Cour des Comptes qui annonce cette nécessité de fermer des maternités, on a vite fait le raccourci avec un problème de dépenses. C’est le cas, certes, mais pas seulement car le risque existe.
La France ne serait qu’au 17° rang en Europe quant au taux de mortalité des nouveau-nés. Il y aurait en France de nos jours encore 2 000 nouveau-nés décédant dans le mois de leur naissance. Alors, au vu des résultats et des bilans, le constat est fait : Ce sont les maternités ayant moins de 300 accouchements par an que le risque est le plus élevé. Parce qu’à moins d’un accouchement par jour, le personnel n’a pas les automatismes et le recul qu’amène l’expérience surtout dès que des complications se présentent. C’est aussi pour ça que trop souvent ces petites maternités ont recours à la césarienne sur des grossesses sans complications en oubliant l’importance des conséquences d’un tel accouchement (voir notre article du 15 décembre 2014 Trop de recours à la césarienne).
Une quinzaine de maternités à fermer
C’est la proposition de la Cour des Comptes de fermer 13 à 15 maternités de niveau 1. Non seulement parce qu’elles sont trop onéreuses en rapport avec leur taux d’activité, mais aussi à cause des risques, des taux de mortalité trop élevés et pour certaines parce qu’elles ne sont pas aux normes sanitaires ! Le rapport met en évidence certaines petites maternités n’ayant pas obtenu de visite de conformité depuis 2001 alors qu’elles n’avaient reçu qu’une dérogation d’exercice (Source : L.G in La Dépêche 29/01/15).
Mais des maisons de naissance à ouvrir
Alors bien évidemment, la population souvent rurale et isolée voit d’un mauvais œil la fermeture d’une maternité de proximité même si on explique chiffres à l’appui que le risque est réel.
C’est aussi pour cela que nous attendons avec impatience la généralisation des maisons de naissance (Voir notre article du 14 octobre 2014 La maison de naissance) qui apporteront la proximité de professionnels maïeuticiens à moindre coût.
Brigitte C.M