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Épisiotomie et ‘point du mari’ : un point trop loin ?

On parle beaucoup ces derniers temps du ‘point-du-mari’ qui est sensé reprendre une épisiotomie pour plus de confort et de plaisir… Mais entre l’acte médical nécessaire qu’est l’épisiotomie et la réduction de l’entrée du vagin, il y a des différences. Une mise au point sur l’acte et la pratique.

Qu’est-ce que l’épisiotomie ?

L’épisiotomie consiste à pratiquer une incision du périnée de 3 à 4 cm afin de permettre le passage de l’enfant lors de l’accouchement par voie basse lorsque la voie naturelle semble trop étroite.

L’épisiotomie a longtemps été pratiquée systématiquement pour les primo-parturientes porteuses d’un gros bébé ; mais depuis une dizaine d’années, le corps médical revient sur cette procédure systématique. Pourtant, le bénéfice de l’épisiotomie par rapport à la déchirure serait dans la cicatrisation plus rapide et facile sur une coupure franche aux bords nets plutôt que sur un arrachement des tissus.

Jusqu’alors, on considérait que l’épisiotomie évitait la déchirure du périnée, mais une polémique semble apparaître comme quoi, non seulement l’épisiotomie n’empêcherait pas cette déchirure, mais pourrait la favoriser.

Quand a-t-on recours à l’épisiotomie ?

On a souvent recours à l’épisiotomie dans les présentations par le siège, dans certains cas de naissances prématurées ou lorsque le recours aux forceps s’avère nécessaire.

En France, il a été relevé une dérive dans le recours à l’épisiotomie car si l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) préconise un taux d’épisiotomies de 20% des naissances ; notre pays a compté une moyenne de près de 50% des accouchements par voie basse avec épisiotomie et même près de 70% chez les primipares.

Cette dérive, comparable à celle des pratiques de césarienne (voir notre article Trop de recours à la césarienne) est en cours de redressement depuis 10 ans car l’épisiotomie a des conséquences.

Les conséquences de l’épisiotomie

L’acte en lui-même n’est pas ressenti comme douloureux, aussi bien chez les femmes ayant bénéficié ou non d’une anesthésie péridurale ; car à ce moment, le périnée est totalement distendu et l’épisiotomie apporte plutôt un soulagement. De nombreuses femmes n’ayant pas eu recours à la péridurale rapportent se souvenir d’avoir entendu le bruit des ciseaux chirurgicaux sans en avoir ressenti  l’action.

Par contre, la douleur apparaît généralement après l’accouchement et requiert une anesthésie locale le temps de recoudre les différentes couches depuis les muscles jusqu’à la peau du périnée.

La cicatrisation est assez lente d’autant plus que la zone reste humide d’humeurs et de sang. C’est pour cela qu’il est conseillé de la nettoyer soigneusement et de la sécher régulièrement (méthode du sèche-cheveux pour certaines, linge sec pour d’autres) afin d’accélérer la cicatrisation et d’éviter les infections. Si la douleur disparaît peu après la pose des points, durant quelques jours, c’est juste la gêne des points qui ‘tirent’ voire d’un hématome ou de  l’enkystement d’un point qui peut subsister jusqu’à résorption naturelle.

Quant aux incontinences post-partum, elles touchent 10 à 15% des femmes sans distinction entre celles qui ont eu recours ou non à une épisiotomie.

Le point du mari : un point de trop ?

Le point du mari est une pratique qui consiste lors de la suture du périnée après une épisiotomie à coudre un ou deux points de plus du côté du vagin afin de resserre l’entrée de celui-ci.

Malgré son appellation de ‘point du mari’, ce sont souvent les femmes qui le réclament ou en font la demande croyant que l’accouchement aura distendu leur vagin et que les sensations de leur(s) partenaire(s) en pâtiront.  Le point du mari répondrait beaucoup plus à un fantasme qu’à la correction plastique d’une distension et ne serait donc susceptible d’améliorer la sexualité que dans le cerveau de celle qui le réclame.

Pour mémoire, et comme meilleur commentaire quant à la pratique du ‘point du mari’ citons la réaction du docteur Jean Marty, gynécologue et président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) à l’article de Diane Jeantet sur le site du Monde.fr :

« …Toutefois, les générations successives de médecins ont constaté que chaque tentative de corriger largement les difficultés sexuelles par des gestes chirurgicaux chez les hommes et les femmes est vouée à être abandonnée. Les gynécologues savent que l’état des organes génitaux joue un rôle bien moins important sur la sexualité que ne pensent habituellement les profanes… Tous les professionnels d’expérience savent que le premier organe sexuel est le cerveau.

 Il nous est apparu important de donner cette information à l’occasion de la polémique sur ce que certains ont voulu appeler « le point du mari », avec le souci que les populations masculines et féminines n’investissent pas trop dans des possibilités chirurgicales d’améliorer leur situation dans leur vie sexuelle. Les accouchées ne devaient pas craindre non plus qu’un geste au cours d’une réfection périnéale puisse avoir un effet négatif durable. Les médecins sont fondés à rassurer leurs patients et patientes sur la capacité du vagin à une bonne récupération habituelle à moyen  terme… »

Source : Le Monde.fr

 

Brigitte C.M

 

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