On n’arrête pas de répéter qu’alcool et grossesse ne peuvent faire bon ménage notamment pour le fœtus in-utero mais aussi pour la femme enceinte. Si toute addiction est néfaste voire nocive pour la femme enceinte et pour l’enfant à naître, il reste que l’alcool même à faible dose représente un danger évident que des chercheurs australiens ont mis en évidence sur le visage même des bébés. A faible dose, voire à très faible dose, l’alcool et notamment l’éthanol qu’il contient modifie irrémédiablement le visage du fœtus. Qu’est-ce que le SAF (Syndrome d’Alcoolisation Fœtale) ? Comment et à partir de quelle quantité d’alcool ingéré se manifeste-t’il ?
Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale ou SAF
Plus d’1 % des enfants naissant en France sont victimes d’incidences du SAF ou Syndrome d’Alcoolisation Fœtale ce qui reste en-dessous du pourcentage de 9 % des naissances dans l’ensemble des pays occidentaux. Même s’ils apparaissent comme relativement minimes par rapport au nombre de grossesses, rappelons que ces chiffres sont ceux des enfants nés vivants et qu’ils n’englobent pas les cas dans lesquels l’embryon ou le fœtus décède avant l’accouchement.
L’alcoolisation fœtale est la cause de troubles et manifestations nombreuses qui peuvent survenir à tout âge chez un individu dont la mère a consommé de l’alcool durant la grossesse.
C’est notamment l’atteinte cérébrale de l’enfant durant la gestation et ses conséquences qui en font toute la gravité. Si on recense les conséquences de ce syndrome au niveau le plus faible depuis des difficultés dans les apprentissages on y voit encore les conséquences dans des lacunes en facultés d’adaptation sociale allant jusqu’à la délinquance. Avant même la constatation comportementale de lésions et lacunes cérébrales interdisant la sociabilisation et l’apprentissage, l’enfant victime de SAF est souvent immédiatement reconnaissable à son visage.
Parmi les aspects visibles on recense une dysmorphie faciale facilement identifiable, des retards de croissance en taille et/ou poids voire en périmètre crânien, puis bien souvent mais plus tardivement des troubles du développement neurologique dont les conséquences se manifestent par un retard mental et des troubles de l’attention, de la mémoire, du raisonnement abstrait, du calcul, du langage, une déficience visuelle, et enfin des troubles du comportement. Le plus souvent ces troubles divers sont identifiés dans le manque de facultés d’adaptation et de conduite sociale, qui deviennent bien souvent sources de difficultés d’insertion sociale amenant jusqu’à la délinquance, à l’addiction aux stupéfiants et à l’incarcération.
Quand le visage du bébé accuse la mère
Les auteurs de l’étude ont analysé la morphologie de plus de 400 enfants nés dans des maternités classiques accueillant des grossesses à bas risque. Chaque femme sur le point d’accoucher devant en tout anonymat déclarer quelle quantité d’alcool elle avait ingéré au cours de sa grossesse.
Si on s’attendait alors à retrouver les marques du SAF (Syndrome d’Alcoolisation Fœtale) sur le visage des bébés de femmes consommant trop d’alcool, la surprise est venue sur la manifestation de symptômes morphologiques chez des enfants nés de mère n’ayant consommé que très peu d’alcool durant leur grossesse.
Chez des femmes n’ayant consommé que peu ou très peu d’alcool (moins de 7 verres par semaine et jamais plus de 2 verres en une occasion) et même chez les femmes enceintes ayant arrêté tout alcool au cours du 1er trimestre de leur grossesse, des traits caractéristiques du syndrome d’alcoolisation fœtale ont été discernés sur le visage de leur enfant. Quasi indécelables à l’œil nu, certes, mais existants quand même et mis en évidence grâce à l’imagerie médicale qui a démontré que la consommation d’alcool même très modérée par la mère impacte le faciès de son enfant notamment autour du milieu du visage, du nez, des lèvres et des yeux.
‘Les parents boivent, les enfants trinquent’ un dicton davantage encore d’actualité
Ce que montre l’étude c’est que même à faible dose, l’alcool a une influence quasi-immédiate sur le développement de l’embryon dès 17 à 18 jours après la conception, avant même de savoir que l’on est enceinte et davantage encore lorsque l’alcoolisation même minime est poursuivie.
Selon le Pr Michel Reynaud, Président du Fonds Actions Addictions : « Si les auteurs ont retrouvé des anomalies faciales à faible dose, il y a une certaine logique à penser que des anomalies cérébrales puissent aussi apparaître » même s’il est encore impossible à ce jour d’affirmer que des difficultés cognitives seront associées aux très légères modifications faciales observées.
A savoir : Boire un seul verre de vin chaque jour pendant toute la grossesse, c’est donner à son bébé 10 grammes d’éthanol chaque jour pendant 270 jours ce qui représente 2,7 litres d’alcool pur puisque l’alcool ingéré par la femme enceinte traverse le placenta et parvient au fœtus.
Zéro alcool durant la grossesse, la consigne stricte
C’est aussi le slogan de la campagne de l’INPES (Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé) qui rappelle que « l‘alcoolisation fœtale est la première cause non génétique de handicap mental chez l’enfant » . Ainsi, en vertu du principe de précaution, il est recommandé aux femmes enceintes de s’abstenir de toute consommation d’alcool dès le début de leur grossesse et pendant toute sa durée. Cette recommandation vaut pour toutes les occasions de consommation, qu’elles soient quotidiennes ou ponctuelles, même festives.
La plaquette informative de l’INPES fait un état des lieux alarmant de la perception que l’on a généralement des dangers de l’alcoolisation durant la grossesse puisque 40 % des Français pensent que ce n’est qu’à partir d’une consommation quotidienne d’alcool que des risques pour l’enfant apparaissent ; et que pour près de la moitié des Français, les risques effectifs pour le futur bébé n’apparaissent qu’en cas de consommation « excessive » d’alcool. Il n’en est rien nous démontre l’étude australienne.
Sources : The Jama network, Le Figaro.fr.
Brigitte C.M